Matrix in the matrix

Article posté le 20.06.2003 à 20:20:52 par John Bonobo.

Ergo, some of my answers you will understand, and some of them you will not...

Il semblerait que bien peu de gens restent indifférents à la suite de Matrix. Comme souvent avec les bons films, c'est tout ou rien : ça va de <<Matrix 1 était culte, Matrix 2 est cultissime>> à <<Pfouarf c'est une suite commerciale, ils ont complétement sacrifié le scénario au profit de l'action, ...>>. En particulier beaucoup parmi ceux qui ont adoré le premier ont apparement été déçus... Matrix 1 était donc un coup de chance ? Beaucoup semblent penser qu'il n'y a rien à comprendre à cette suite...

Je viens là défendre ce film : si, il y a quelquechose à comprendre ! Moi je remercie les frères Wachowski d'avoir fait un film compliqué (beaucoup plus que le premier où tout est expliqué deux fois avec des dessins), parsemé d'indices subtils, il faut réflechir et peut-être le voir plusieurs fois avant de pouvoir comprendre. Je prétends que c'est fait exprès, un peu comme dans Mulholland Drive, dans un registre très différent. Le point fort de Matrix 1 était sans doute la révélation qui frappe Neo (et le spectateur) : le monde dans lequel il vit n'est qu'une illusion, créée par les machines pour asservir l'humanité... Ce qui n'est pas absolument original en Science-Fiction mais c'est la façon, très stylisée et novatrice, de raconter qui fait tout le charme et l'ambiance du film. Les frères Wachowski savent qu'une des meilleures choses au monde est le bonheur de comprendre un mystère. Les réponses à toutes les questions seront dans le troisième volet. Après avoir fait un film comme Matrix, on peut quand même leur faire un peu confiance...

J'ai l'impression que tout le monde est d'accord sur le fait que cette suite est vraiment belle, esthétiquement parlant. Les effets spéciaux sont encore plus nombreux (trop pour certains) et époustouflants, Andy et Larry Wachowski font ce qu'ils savent faire très bien, le slow-motion-bullet-time est devenu leur marque... Donc je n'insiste pas sur le coté visuel-action, je m'intéresse aux idées du film.

Je tiens à respecter le ressenti de chacun : tout le monde a bien sur le droit d'être déçu, mais ... dire que c'est commercial et sans scénario, c'est différent. Je vais expliquer certaines choses sur ce film... Si vous ne l'avez pas vu, NE LISEZ PAS LA SUITE !!!

La philosophie du premier volet est toujours là : Le monde n'est pas ce qu'on croit qu'il est. There is no spoon... De manière agréablement symétrique avec le premier, il y a deux rebondissements essentiels : On apprend que l'oracle n'était qu'un programme, et la seconde révélation, magistrale, est que Neo non plus n'est pas celui qu'il croit être. L'élu ? mais non... Cela faisait partie d'un ingénieux stratagème des machines. C'est juste l'architecte qui lui a donné un statut particulier. Dans un but précis et clair, toujours le même que les machines poursuivaient dans le premier volet : asservir avec plus d'efficacité les humains. En effet, quoi de mieux que de donner de l'espoir a ceux qui comprennent réellement l'horreur du monde dans lequel ils vivent ? Vous n'êtes pas dans la réalité, certes, mais il y a une solution, voici l'élu qui va pouvoir vous sauver. Malgré la conscience d'une réalité absolument insupportable, ceux qui ont compris vont encore avoir envie de vivre... et de donner leur énergie.
Décidemment les machines excellent en psychologie humaine...

Mais il y a beaucoup plus que ça, et cela sera sans aucun doute clairement révélé dans le 3ème volet. Cela n'a été pour l'instant qu'habilement suggéré. Certains détails ne collent pas avec le coté science-fiction hyper-réaliste des 2 films. Certaines questions se font de plus en plus pressantes : comment un oracle pourrait-il prévoir le futur ? Comment des humains ont-ils pu sortir de la matrice si elle exerce un contrôle total sur leur esprit ? Comment Trinity a-t-elle pu ressuciter Neo par un baiser dans le 1 ? C'est comme dans La belle au bois dormant ? Comment Neo a-t-il pu ressuciter Trinity dans le 2 ?

D'autre part, on observe tout au long du deuxième film, que Neo semble vraiment quelqu'un de différent. Même a l'extérieur de la matrice, il perçoit des choses, il a des visions prémonitoires. Et le rebondissement final (ou plutôt l'avant-dernier) semble presque incohérent : Neo a des pouvoirs en dehors de la matrice ! Comment est-ce possible ?

Voici une explication, qui parait très simple une fois qu'on y a pensé :

Tous ceux qui croient en être sortis, Neo, Morpheus, Trinity et les autres se sont fait berner. Ils y sont toujours. Ils sont juste dans une autre partie de la matrice. Cela fait partie du programme de la matrice, c'était prévu. Cela répond à toutes les questions qu'on pouvait se poser, cela explique tous les détails étranges de ce monde. Le "comment ?" sera probablement développé dans le 3.

Je peux me tromper, mais on peut par exemple penser que le second monde auquel Neo a accès est une version antérieure de la matrice. Nous savons, cette information n'était pas gratuite, qu'il y a eu plusieurs versions de la matrice, au moins 6, la première était un monde utopique que les humains n'ont pas accepté. La matrice se perfectionne, s'upgrade toute seule. On peut imaginer qu'à chaque upgrade, à chaque "reload", une nouvelle couche, qui éloigne les humains de la réalité, est ajoutée. On en est apparement à la matrice n° 6. La matrice n° 5, dans laquelle se trouve la cité de Zion, existe toujours (enfin, au moins jusqu'à la fin de Matrix Reloaded...). C'est un genre de soupape de sécurité. Certains même, qui croient être nés de manière naturelle dans le monde réel, n'ont tout simplement jamais été dans la matrice n° 6. Il semblerait maintenant que les machines ont décidé d'une nouvelle upgrade, on va passer a la matrice n° 7, et la matrice n° 5 va être détruite puisqu'elle n'aura plus d'utilité.

Ou alors, peut-être aussi qu'à chaque "reload" de la matrice (au moins à partir du deuxième), sont recréées à la fois une matrice principale et une seconde matrice, qui contient Zion et qui est toujours une soupape de sécurité pour ceux qui ne supportent pas la matrice principale. Cette explication colle peut-être mieux aux film et aux paroles de l'architecte; de plus elle explique comment l'oracle et Neo peuvent voir le futur : ce ne sont tout simplement pas des prémonitions, tout cela s'est déjà produit plusieurs fois... Mais cette fois quelquechose a changé. L'élu a choisi l'autre porte, et l'agent Smith... est différent depuis que Neo lui a fait quelquechose à la fin de Matrix 1. Cette façon de voir explique peut-être plus de choses. Mais... on saura tout dans la suite. En tout cas, je ne me lasse pas de la richesse et de la profondeur du scénario.

Pour moi, les frères Wachowski ont réussi l'exploit de transformer complètement Matrix 1, bon film de science-fiction qui se tenait tout seul, en l'insérant dans une histoire extrêmement complexe, sans que l'on se doute de rien au début. On aurait pu se poser des questions dès le premier volet, mais non, c'était plausible. Plus que cela, les frères Wachowski ont vraiment choisi la difficulté en destructurant volontairement et totalement la mythologie introduite dans le premier opus (l'élu, l'oracle) à laquelle tout le monde avait cru... finalement même ces mythes ont été créés par les machines, ce qui donne ainsi un nouveau sens et un nouvel éclairage à Matrix (voir cet article sur le site La progagation du chaos qui insiste brillamment sur ce point).

Cela devient diablement intéressant : Je parierais qu'il y aura également 2 révélations dans Matrix : Revolutions. La première, sans doute que personne, en particulier Neo, n'est jamais sorti de la matrice. La seconde... ben quoi, on va quand même pas se laisser exploiter par des machines non ?

IMAX n'est pas IMAX 3D

Article posté le 12.06.2003 à 19:21:40 par John Bonobo.

Vous êtes peut-être au courant que Matrix : Reloaded sort en IMAX (prononcer [aille-mèx]). J'ai été très surpris de constater, sur le site officiel de la trilogie, que The matrix reloaded : the IMAX experience ne sort pas en France, même pas au Futuroscope de Poîtiers. J'aurais aussi sans doute été très frustré, si je n'avais pas la "chance" d'être à Berlin en ce moment. Au Sony Center de Berlin, on peut "reload in IMAX". J'ai donc pu me renseigner sur place. Pour une fois que je sais de quoi je parle... Il faut savoir que la technologie IMAX est au départ un "nouveau" système de projection, inventé par la société canadienne Imax Systems, dans lequel d'une part le film défile à l'horizontale, et pas de manière saccadée comme pour les films classiques (pas d'utilisation de la croix de malte, ce qui garantit une parfaite stabilité de l'image) et qui d'autre part utilise un autre format de pellicule (voir les figures ci-dessous à gauche), le standard pour les films est 35 mm, il y a aussi 70 mm, IMAX est encore plus grand. Pour parler jeune, c'est donc un format avec lequel on enregistre plus de pixels (environ 10 fois plus). On a eu besoin de ce procédé pour pouvoir projeter des films sur écrans géants (en général plus de 550 m², au lieu d'environ 100 m², voir la figure en bas à droite). Un film standard 35 mm projeté sur un écran de cette taille apparaîtrait flou.

Le format 35 mm standard (4 perforations, défilement vertical) Le format 70 mm (5 perforations, défilement vertical) Le format IMAX (70 mm, 15 perforations, défilement horizontal)

De plus, et c'est un des ses grands intérêts, ce format est le seul qui convient pour les films IMAX 3D (à part des films de dinosaures et de vaisseaux spatiaux "pour les enfants", il n'y a à ma connaissance que Les ailes du courage de Jean-Jacques Annaud qui exploite cette technologie). Les "vrais" films IMAX 3D sont tournés en utilisant 2 caméras IMAX synchronisées : une pour chaque œil (ou bien une caméra très spéciale à deux objectifs). Ensuite ces films sont projetés sur écran géant. La restitution du relief peut se faire selon plusieurs méthodes. Sur écran plat, la plus simple est la stéréoscopie par lumière polarisée, mais elle impose de toujours regarder l'image dans l'axe de lunettes. En particulier elle ne convient donc pas pour un écran non-plat, comme celui, hémisphérique, du pavillon Solido du Futuroscope (où est utilisée une variante du format IMAX appelée Omnimax). On a ainsi parfois recours à un méthode beaucoup plus hi-tech : on projète le film à une fréquence de 48 images par seconde (alors que le standard cinéma est 24), en alternant une image pour l'œil gauche et une pour l'œil droit. Chaque spectateur doit ensuite porter des lunettes très spéciales à plus de 150 euros la paire, qui masquent chaque œil pendant 1/48 de seconde en utilisant des cristaux liquides. Tout ça est synchronisé avec le film grâce à des signaux infrarouges. A cette vitesse, le cerveau ne se rend compte de rien et recrée la 3D (il faut aussi faire attention à l'appelation IMAX 3D, certains cinémas s'en réclament mais ne proposent que des films IMAX à voir avec des lunettes 3D classiques cyan-rouge, c'est déjà pas mal du tout mais ce n'est pas la même technologie ultra-sophistiquée.). Comparaison entre la taille d'un écran IMAX et un écran de cinéma classique

Matrix : Reloaded a été tourné en 35 mm tout-à-fait classique, avec une seule caméra à la fois. Il n'y a pas de 3D. Si vous y allez, vous ne mettrez pas ces fameuses lunettes. Donc le "seul" intérêt de The matrix reloaded : the IMAX experience est le grand écran. Et de plus, il ne s'agit "que" d'un agrandissement numérique, utilisant la technologie propriétaire IMAX DMR (Digital ReMastering). Je me demande si c'est pour ça qu'il n'est pas au Futuroscope, c'était déjà le cas avec Star Wars Episode II (ou alors... serait-ce encore un coup de George Bush ?).

J'avais été un peu déçu parceque je m'attendais à un film en 3D (et j'ai simplement été victime de mon ignorance : personne n'a jamais dit que Reloaded était en relief, c'est moi qui associais IMAX et 3D dans ma tête... suis-je le seul ?). Ceci étant dit, Matrix : Reloaded est un des meilleurs films de Science-Fiction depuis pas mal de temps. Et en super grand écran... waouh quelle claque ! A vous de voir si ça vaut le coup de faire le déplacement : il passe en V.O. à Londres (et à Berlin les samedi soir), sinon pour la version française il faut aller au Québec...