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Affiche

Matrix : Revolutions
The matrix revolutions


Réalisation : Andy Wachowski et Larry Wachowski
Genre : Science-Fiction
Année : 2003
Pays : USA
Avec : Monica Bellucci, Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss, Keanu Reeves, Hugo Weaving.

> Le site officiel de la trilogie
> Matrix-Happening : Les mécanismes narratifs de la saga Matrix


1 article :

Appréciation :

Le choix des Wachowski

Article posté le 15.06.2004 à 11:16:56 par John Bonobo.

Je m'étais dit en commençant ce site que je ne ferais pas d'articles pour dire du mal d'un film - c'est tellement plus intéressant de relever ce qui est bien. Mais j'ai parlé du second volet de la trilogie Matrix en anticipant sur le troisième (voir l'article sur Matrix : Reloaded), il faut bien conclure...

Dans mon précédent article, je me suis donc trompé : je pensais que le 3 nous révélerait que le "monde réel" qui abrite Zion n'est qu'une illusion, au même titre que la matrice. Hé bien non, pas de révélation de ce genre. Zion est bien réelle, pour autant que ces mots aient un sens.

Donc, Neo a bien des pouvoirs magiques dans le monde réel. Et donc ce n'est plus un humain comme les autres. On est en train de passer de la Science-Fiction plausible au Fantastique... à moins d'une bonne explication ? La seule explication est donnée par l'oracle :

Tu as touché la source Neo.

Dit autrement, Neo est parvenu à un autre niveau de conscience qui lui confère certains pouvoirs. Dans le même genre, il y avait "tu viens de la planète Krypton Neo" ou "tu as subi une exposition aux rayons gamma Neo". Grosse faiblesse du scenario, aucune base n'annonçait celà - c'est quand même un peu facile de surprendre avec de tels "rebondissements".

Voila donc le choix des Wachowski, pour eux, l'important n'est pas "Pourquoi Neo a-t-il des pouvoirs ?", même si cette question me semblait être sur toutes les lèvres au sortir du second volet. Et il ne faut pas non plus compter sur eux pour comprendre mieux ce qu'est la source. Bien peu de questions trouvent une réponse valable à la fin de la trilogie. Du coup, les scènes spectaculaires perdent en motivation et en intérêt : Neo se rend dans la villes des machines et leur propose un marché, il les débarasse du virus Smith et les machines arrêtent leurs sentinelles destructrices. On aurait bien aimé une petite discussion pour prendre conscience des enjeux de ce combat Neo-Smith, mais ce n'est pas le choix de Wachowski, les machines répondent juste "ok". Alors Smith tue Neo en le contaminant, et les machines détruisent le corps de Neo, ce qui tue Smith. On comprend bien que Smith ne s'attendait pas à mourir. Il est surpris, comme nous. Pourtant ça doit être logique, puisqu'il n'y a pas l'ombre d'une explication dans le film. Encore un rebondissement imprévisible...

Neo à la cité des machines

Et, il y a encore bien plus grave que des faiblesses scénaristiques à mes yeux. Il y a ce qui me semble être une vraie incohérence entre le premier volet et les deux autres, au niveau de la nature de la "connexion" homme-machine (elle est cependant discutable car les Wachowski ne vont pas au bout de leur explications).

Dans le premier volet, Morpheus explique comment ça marche la connexion.

Qu'est ce que le réel ? Comment le définis tu ?
Si tu parles de ce que tu sens, de ce que tu vois et entends, alors ce que tu appelles réel n'est rien d'autre que des signaux électriques interprétés par ton cerveau.

La clé de la connexion à la matrice semble être là, on est bien dans la réalité virtuelle. C'est comme un casque sur la tête qui nous transmet les images et le son qu'on recevrait si on était à tel endroit dans telle position. Quand on bouge la tête, le casque enregistre les mouvements, l'ordinateur calcule la nouvelle image et l'illusion d'un monde virtuel est créée. Ici, c'est la même idée, mais en plus extrême, on ne fait pas que placer un écran devant les yeux et un haut-parleur contre les oreilles, l'ordinateur est directement branché sur les nerfs. Les informations provenant du nerf optique sont court-circuitées, remplacées par un signal généré par ordinateur. Quand le cerveau du sujet réagit et envoie des signaux nerveux moteurs pour bouger les yeux, les lèvres, les jambes, ces signaux sont interceptés par l'ordinateur, qui simule alors ces mouvements et envoie en retour les signaux sensoriels correspondants.
C'est un concept tout-à-fait crédible, on ne peut pas affirmer aujourd'hui que c'est impossible. Cette façon de présenter la connexion évite soigneusement d'avoir à définir la nature de l'esprit, de la conscience, de l'âme ou du contenu du cerveau (on a le même type de connexion dans The Cell). J'insiste, il n'y a pas ici de téléchargement entre le cerveau et la machine (par opposition au film Passé virtuel par exemple). Le cerveau du sujet humain fonctionne toujours dans son corps, il y a juste une prise branchée physiquement sur les nerfs à la sortie du cerveau. On est dans le domaine du mesurable. Par définition, c'est de la science-fiction "dure". La matrice est comme on nous le dit un programme de simulation auquel un grand nombre d'humains sont connectés de la sorte. Elle simule un monde virtuel où elle reproduit les mouvements de chacun et leurs conséquences.

Par contre, dans les deux derniers films, la connexion ne semble plus marcher plus comme ça. Dans Revolutions, on apprend que l'esprit de Neo est "prisonnier" du monde-gare entre la matrice et le réel. Son "esprit" a maintenant été enlevé de son corps, et transféré dans autre chose. Pour que Neo se réveille, il faut transférer son esprit à nouveau depuis cette autre chose dans son corps. Et on nous dit que c'est "comme quand il est connecté à la matrice" (la différence est qu'il est maintenant connecté sans fil...).
C'est une façon radicalement différente de concevoir la connexion, comme dans Passé virtuel. Cette technologie implique que l'esprit d'un humain n'est donc qu'une certaine quantité d'information, et rien d'autre, qu'on peut ainsi stocker sur un disque dur (ceci constitue une prise de position philosophique évidemment extrêmement discutable).
Dans Reloaded, les Wachowski allaient déjà plus loin : Smith, qui est un programme, se télécharge via un téléphone dans le cerveau d'un humain réel du monde réel. Notre esprit a donc la même nature qu'un programme informatique.
On comprend mal alors pourquoi mourir dans la matrice signifie mourir dans le réel. On ne pouvait pas faire une sauvegarde ? peut-être qu'un esprit ne peut être présent qu'en un seul exemplaire dans l'univers, il faudra qu'on m'explique...

Pour moi, ces deux façons d'imaginer la connexion à la matrice n'ont rien à voir. Evidemment ça se discute mais ... les Wachowski ne nous donnent aucune piste pour concilier ces deux théories, ce n'est pas leur propos. Tout ceci entraîne énormement de confusion dans la trilogie. Toutes ces petites incohérences, face à la rigueur du premier volet, m'avaient poussé à écrire un article, dans lequel je refusais que "tout ce qu'on nous raconte est vrai", et je donnais mon explication, qui me semblait - et me semble toujours - la seule plausible à partir des éléments du film. Je tiens à m'excuser auprès de mes fidèles lecteurs à qui j'ai fait espérer une fin palpitante et stimulante... Les Wachowski avaient promis des réponses !

Je n'étais d'ailleurs pas le seul à avoir imaginé une théorie pour faire retomber la trilogie sur ses pattes apres Reloaded, vous pouvez consulter quelques discussions entre Neocobalt et John Koenig sur la trilogie, et l'excellente théorie de Galvatron.

La nouvelle vision extra-sensorielle de Neo

En conclusion, l'ensemble des trois films me semble manquer de cohérence, après un premier volet où l'on sent une forte volonté de réalisme et de crédibilité, la trilogie prend un virage étrangement mystique, où la philosophie cède la place à la religion (j'imaginais par exemple que l'emploi systématique de noms issus de différentes mythologies était le signe d'un genre de propagande lancée par les machines pour mieux contrôler les humains, finalement ces noms n'ont donc pas de justification réelle, ils prennent maintenant une couleur sacrée, un peu comme si on nous racontait une histoire biblique; cela donne une impression de personnages qui ne peuvent pas évoluer, prisonniers d'un rôle déterminé par leurs noms).
Et au final, le second volet apparait inutilement complexe, au vu de ce dernier volet très pauvre en dialogues, où toute cette complexité n'est pas résolue.

Pour terminer sur une note positive, Revolutions mérite néanmoins d'être vu tant ses effets spéciaux sont époustouflants, j'ai un faible pour la marée des milliers de sentinelles qui envahit la cité souterraine de Zion...

La bataille de Zion



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[0,2499] Pas mal - [2500,4999] Bien - [5000,7499] Excellent - [7500,9999] Incoutournable

Ma notation est juste là à titre indicatif, et est très provisoire (parfois je ne suis plus d'accord avec moi-même; en un sens il est absurde de vouloir comparer certains films) : par exemple elle ne traduit pas le plaisir que j'ai à voir un film. Un jour prochain je mettrai plusieurs notes (interêt de l'histoire, note technique, ...) avec la possibilité pour l'utilisateur de modifier le barème.

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