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Voyages dans le temps


Les voyages dans le temps, un thème majeur de la Science-Fiction

Faire un aller simple vers le futur est déjà parfaitement envisageable aujourd'hui, au moyen de la cryogénisation par exemple (Demolition Man), d'un voyage spatial à grande vitesse (La planète des singes)... ou d'un clonage étrange (Alien lV). Certains films comme Ouvre les yeux, Vanilla Sky, Paycheck utilisent de la même façon amnésies, souvenirs et flashbacks pour faire des bonds dans le temps sans poser de problème conceptuel.

Dès qu'il s'agit d'aller vers le passé, les choses se compliquent. On rencontre les paradoxes temporels (initialement introduits - selon moi - par l'écrivain Barjavel, 1911-1985). Et on est obligé de se poser la question : Admettons qu'aujourd'hui j'enfourche ma machine à voyager dans le temps et que je remonte jusqu'à hier soir. Je viens voir mon moi d'hier dans son lit et je le tue... que se passe-t-il ?

On peut écarter ce problème assez simplement, si l'on ne cherche pas à reposer sur des bases plus ou moins scientifiques. On peut notamment imaginer le voyage dans le temps "psychologique" comme dans Un jour sans fin et le téléfilm 12:01 Prisonnier du temps. Dans ces films, on voit un homme revenir 24 heures en arrière à plusieurs reprises, mais il reste toujours dans le même corps, il n'y a pas de dédoublement (ce qui évite de manière élégante tout paradoxe temporel : son moi d'hier est comme effacé, il ne peut donc pas se tuer lui-même). Dans le fond, c'est comme si des souvenirs s'ajoutaient simplement à la mémoire de cet homme. Il sait par avance ce qui va se passer ce jour-là, s'il fait ceci ou celà.

Mais, ne faisons pas de confusion entre moi et mon moi d'hier, nous sommes deux personnes différentes, notre composition chimique a été modifiée, nos souvenirs sont différents. Si je remonte dans le temps, mon corps sera donc présent en deux exemplaires, dont l'âge diffère d'un jour. Le paradoxe est possible : si je tue mon moi d'hier, et que moi je reste dans la chambre avec ce cadavre dont je devrai me débarasser si je ne veux pas d'ennuis... il ne va pas pouvoir remonter dans le temps, donc ce qui a causé mon apparition dans le passé ne va pas arriver.

Alors ? J'explose ? L'univers se rétracte instantanément sur lui-même ? Je disparais progressivement au bout de 8 jours comme dans Retour vers le futur ?

La vraie réponse est qu'on ne sait pas, on a jamais fait l'expérience. Donc au cinéma, on a le droit de prendre parti, d'imaginer ce qu'il se passe. il y a principalement deux réponses simples qui relèvent de deux conceptions du temps.

  • Tout se passe comme si l'histoire du monde était écrite quelquepart, elle est absolument unique et immuable et tous les voyages dans le temps y sont déjà écrits aussi. Dans ce cas, il y a effectivement un paradoxe, l'histoire d'hier et d'aujourd'hui ne peut plus être modifiée. Il s'agit donc d'imaginer quelquechose pour le contourner : peut-être qu'en fait je suis bien mort hier dans mon sommeil, tué par mon clone plus vieux, et qu'il m'a remplacé. C'est lui qui utilise la machine dans le temps aujourd'hui, il va passer une étérnité dans une boucle infinie entre hier et aujourd'hui, et il retapera tous les jours la même chose. C'est toujours mal de tuer.
    Une autre façon de le contourner est d'imaginer qu'une sorte de force, interne ou externe, m'empêche tout simplement de me tuer. Elle doit d'ailleurs m'empêcher totalement d'influer sur ma vie passée, puisque je n'en ai aucun souvenir (ou bien à l'inverse, j'en ai un souvenir, par exemple, hier soir j'ai parlé avec moi, aujourd'hui une force me pousse à utiliser ma machine à remonter dans le temps pour accomplir mon destin).

    Ce type de conception colle parfaitement au premier Terminator, à Quelque part dans le temps, ou à L'armée des douze singes et apporte une couleur fataliste cyclique intéressante au scénario. La boucle doit être bouclée...

  • Il ne se passe ... rien. Il y a juste un événement sans cause, mon apparition hier, et depuis mon corps est présent en deux exemplaires. Ce n'est pas grave. Mais alors cela implique l'existence d'univers parallèles sous une forme ou une autre : ici deux histoires du monde coexistent de manière sous-jacente. La première dans laquelle je ne suis pas mort hier et j'ai remonté dans le temps, donc mon corps n'est plus là dans la suite de cette histoire. La seconde est la même histoire jusqu'à hier, puis quand j'apparais il y a deux moi, et l'un tue l'autre. Ensuite, je continue ma vie dans cet univers, je peux ou pas m'amuser à remonter encore le temps si je veux.
    Ce concept d' "univers parallèles" est tout-à-fait naturel : quand un choix se pose à nous, pour décider on va imaginer les conséquences futures en fonction de ce choix, on imagine plusieurs histoires possibles (si je fais ceci ou si je fais celà), et tant qu'on a pas choisi, ces deux avenirs coexistent, au moins dans ma tête.

    On trouvera un bon exemple de ce point de vue dans la trilogie Terminator, pas complétement évident parcequ'il y a quand même 6 voyages dans le temps en tout. Le premier volet peut donc être interprété de deux façons (fatalisme ou univers parallèles) sans rencontrer de paradoxes temporels, par contre, puisque le futur a changé dans Terminator 2 et Terminator 3, on ne peut interprêter la trilogie dans son ensemble qu'en ayant recours aux univers parallèles.

La même question se pose quand on parle de voyance, si j'ai une vision d'une catastrophe à venir, pourrai-je l'empêcher quand même ?
Soit on admet la fatalité et c'est impossible, soit, on peut faire quelquechose. Et dans ce cas ma prédiction sera fausse (voir sur ce sujet le film Dead Zone). Cela n'est pas paradoxal si l'on considère qu'il y a deux histoires sous-jacentes, une où on l'on laisse le malheur arriver et l'autre où on l'empêche. Ma vision n'était pas fausse mais concernait seulement la première histoire.

La première conception est une sorte de fatalisme absolu. On ne peut rien changer. Ce n'est pas la même chose que le déterminisme absolu, dans lequel les mêmes causes produisent les mêmes effets. D'ailleurs, la seconde conception est déterministe. Il y a juste des évenements sans causes (l'apparition des voyageurs du futur) mais c'est justement leurs conséquences que le film étudie.
La seconde conception peut être totalement non-fataliste (on peut tout changer), ou bien ... un fatalisme relatif, ce qui est très intéressant d'un point de vue scénaristique. Je pense en particulier à Terminator 3 où, bien que les Connor aient indubitablement réussi à changer l'avenir, leur destin est plus fort que tout, le jugement dernier arrivera d'une manière ou d'une autre et John Connor sera le meneur de la rebellion contre les machines.

Le célèbre astrophysicien Stephen Hawking a dit un jour "La meilleure preuve qu'un voyage dans le temps est impossible est que nous n'avons pas été envahis par des hordes de touristes du futur". Je ne suis pas d'accord avec sa conclusion : oui, on n'a jamais vu de visiteurs du futur, mais cela ne prouve pas que c'est impossible, cela prouve seulement que, si les voyages dans le temps sont possibles, alors les choses ne se passent pas selon la première théorie (fataliste). Stephen Hawking a oublié de préciser son axiome de départ : il est manifestement convaincu qu'il ne peut exister qu'une seule histoire du monde. C'est une prise de position philosophique, tout-à-fait respectable, mais qu'aucune expérience ne pourra jamais justifier, pas plus ni moins que l'existence d'univers parallèles.

Cette considération nous fait mettre le doigt sur une différence fondamentale dans les conséquences de ces deux théories :
Si je remonte dans le temps dans un univers fataliste, mon apparition dans le passé a déjà eu lieu dans cet univers (je ne vais donc rien changer). Si je décide d'aller me voir moi-même dans le passé, alors je dois déjà être au courant de ma rencontre avec moi-même avant de remonter le temps. Comme le dit Stephen Hawking, puisque je ne suis au courant de rien, c'est que le voyage dans le temps est certainement impossible. A moins... comme dans Timebomb, qu'on ait décrété une loi (que tout le monde respectera jusqu'à la fin des temps) qui interdit de remonter le temps avant telle date. Peut-être que les voyageurs du temps se cachent après tout, c'est tout simplement pour ça qu'on en a jamais vu.
Par contre, si je remonte dans le temps dans un univers non-fataliste, alors personne n'en saura rien. En fait, tout se passe comme si je créais une autre histoire au moment où je remonte dans le temps. Je ne change l'histoire que pour moi. Je ne modifie en aucune manière l'histoire de l'univers d'où je suis parti, qui n'existe plus pour moi puisque je ne peux plus y retourner.
Donc, en un sens, même si les voyages dans le temps sont possibles, on ne peut pas vraiment changer l'histoire. Au mieux tout ce qu'on peut faire est créer une autre histoire parallèle. Seuls les voyageurs du temps auront conscience du fait qu'il y a plusieurs histoires, mais serons de toute façons prisonnier de la "nouvelle" histoire.
C'est en fait le (seul) petit problème de la saga Terminator : rien ne va changer pour ceux qui décident d'envoyer quelqu'un pour changer le passé. Les choses ne vont changer que pour ceux qui partent vraiment. Dans le premier volet en particulier, John Connor envoie son ami Kyle Reese pour sauver sa mère Sarah Connor. John va simplement voir Kyle disparaître dans la machine à voyager dans le temps, mais la vie de John ne va pas changer . Pour John Connor (plus exactement ce John Connor-là), la seule conséquence de cet acte est qu'il ne reverra plus jamais Kyle - cela paraît donc une décision bien étrange de la part de John Connor. Son intérêt est uniquement psychologique, peut-être va-t-il mieux dormir en pensant que Kyle va mettre en place une autre histoire, et donc un autre John Connor (dont Kyle est maintenant le père... mais il ne vivra pas assez vieux pour le rencontrer).

Quelques liens pour aller plus loin :




[0,2499] Pas mal - [2500,4999] Bien - [5000,7499] Excellent - [7500,9999] Incoutournable

Ma notation est juste là à titre indicatif, et est très provisoire (parfois je ne suis plus d'accord avec moi-même; en un sens il est absurde de vouloir comparer certains films) : par exemple elle ne traduit pas le plaisir que j'ai à voir un film. Un jour prochain je mettrai plusieurs notes (interêt de l'histoire, note technique, ...) avec la possibilité pour l'utilisateur de modifier le barème.

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